Disparition de Pavel Grokhovskiy

Pavel Grokhovskiy
Павел Леонович Гроховский (1972-2018)

Nous avons appris mardi avec stupeur et tristesse le décès de Pavel Grokhovskiy, professeur de tibétain à l’Université d’Etat de Saint-Pétersbourg et responsable des études mongoles et tibétaines dans ce même établissement. Nous l’avions reçu à Paris en avril 2013 (http://www.sfemt.fr/conference-dr-pavel-grokhovskyi-le-vendredi-26-avril-2013/). Il avait profité de ce séjour en France pour rencontrer des chercheurs en études tibétaines et se documenter notamment en littérature tibétaine contemporaine. Sa formation initiale classique double, en tibétain et en mongol, dans les années 1980-1990 à l’Université de Saint-Pétersbourg, ne l’avait pas préparé pour les questions d’évolution de la langue tibétaine écrite, pour l’émergence de la presse en tibétain, pour le roman et la fiction en langue tibétaine, mais ces questions l’intéressaient au plus haut point. Fin juin 2014, il avait ainsi accueilli plusieurs d’entre nous à son université, profitant de la conférence « Issues of Far Eastern Literature » pour organiser un panel intitulé « Modernising Tibetan Tradition ». Ce panel a donné lieu à une publication très récente – sa préface est datée du 24 août 2018 – et elle contient des articles de premier plan sur l’évolution de l’écrit et des livres au Tibet aux 20e et 21e siècles.

Enfin, en septembre 2018, il avait coordonné et accueilli la conférence internationale des jeunes tibétologues (ISYT). Depuis plusieurs années, il avait également entrepris d’explorer minutieusement le contenu du journal connu en Occident sous le titre de « Melong » ou « Tibet Mirror », le Yul phyogs so so’i gsar ’gyur me long. C’est à ce titre qu’il était venu à Paris en novembre 2016, pour participer avec son étudiante et collègue Natalia Mikhaylova au colloque consacré à ce journal, colloque organisé par Françoise Wang-Toutain (CNRS). Leur intervention, intitulée “The Tibet Mirror as an Object of Philological Research”, sera publiée rapidement par l’Institut d’études tibétaines du Collège de France, au sein d’un volume rassemblant une sélection des actes du colloque.

Véritable moteur pour les études tibétaines à Saint-Pétersbourg, il était très dévoué envers ses jeunes étudiants qu’il engageait toujours à participer à des conférences et des colloques. A cet engagement sans faille auprès des études tibétaines et, plus largement, des Tibétains, s’ajoutaient une douceur et une gentillesse qui contrastaient avec sa carrure impressionnante. Sa disparition soudaine, à 46 ans, devant son ordinateur, le soir du dimanche 16 décembre, plonge ses étudiants et ses collègues dans une grande tristesse, à laquelle nous nous associons.

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