L’incendie au Jokhang et le silence assourdissant du gouvernement chinois
Françoise Robin (Professeure des universités, Equipe ASIEs/INALCO)
Le 17 février 2018, deuxième jour de la nouvelle année tibétaine, un incendie s’est déclaré au Jokhang. Ces quelques mots peuvent ne rien évoquer au-delà du monde tibétain et du bouddhisme, mais ils recèlent en réalité une possible tragédie pour les Tibétains mais aussi pour les bouddhistes, qu’ils soient Mongols, Bhoutanais, qu’ils viennent du Ladakh, du Zanskar, ou d’autres territoires de la Haute-Asie où se pratique le bouddhisme tantrique ou vajrayana. En effet, le mot « Jokhang » désigne le nom de la chapelle la plus vénérée d’un vaste complexe monastique appelé Tsuglakhang en tibétain (གཙུག་ལག་ཁང་།). Situé au centre historique et religieux de Lhasa et donc du Tibet, le Tsuglakhang a été fondé au 7e siècle et se présente comme un ensemble de chapelles regorgeant de statues et de boiseries – dont certaines remontent à l’époque de sa fondation –, de cours, de salles d’assemblée, et ce, sur trois étages. Le Jokhang occupe le cœur de ce complexe, sanctum sanctorum de ce vaste ensemble. Selon la tradition historiographique classique, il aurait été construit au temps du premier empereur historique Songtsän Gampo (?-649/650), à l’emplacement exact du cœur d’une démone allongée sur le dos, pour la clouer au sol, tout comme des dizaines d’autres temples auraient été construits à la même période pour asseoir l’autorité du bouddhisme sur les croyances qui prévalaient alors au Tibet.
Le Jokhang abrite une statue du Bouddha Shakyamuni de la taille d’un enfant de douze ans, sous forme de bouddha richement paré. Appelé le Jowo Shakyamuni (ཇོ་བོ་ཤཱཀྱ་མུ་ནི། ou « Seigneur Shakyamuni »), les Tibétains font référence à lui d’une manière respectueuse par les termes de « Jowo Rinpoché », c’est-à-dire le « Précieux Jowo » (ཇོ་བོ་རིན་པོ་ཆེ།), ou parfois encore le « Jowo qui exauce les souhaits » (ཇོ་བོ་ཡིད་བཞིན་ནོར་བུ།). Selon l’historiographie tibétaine, cette statue aurait été amenée au Tibet depuis la Chine au 7e siècle, cadeau d’une princesse chinoise que l’empereur tibétain avait épousée – une autre statue ayant été apportée par une autre princesse, népalaise elle. L’historiographie tibétaine ne permet pas de déterminer exactement à quel moment de son histoire compliquée et mouvementée cette statue a trouvé sa place dans la chapelle où elle trône actuellement et à laquelle elle donne son nom (le terme Jokhang signifiant en effet « Bâtiment du Jowo »). Toutefois, ainsi que l’écrit Cameron Warner, historien qui a consacré sa thèse au Jowo, « dès le 11e siècle, le Jowo représentait l’incarnation du bouddhisme au Tibet. Pour les Tibétains, le Jowo possède une importance unique et surnaturelle »[1]. C’est pourquoi, pour les Tibétains, cette statue « n’est pas une statue, mais un substitut (sku tshab) du Bouddha historique, le bouddha Śākyamuni »[2]. On comprend donc mieux pourquoi les pèlerins affluent à Lhasa depuis des siècles, comme les textes en attestent, dans le but de lui adresser des prières pour les vivants comme pour les morts. Cameron Warner a par ailleurs noté l’importance du Jowo pour « les historiographes et les auteurs dès le 11e siècle : dans leur esprit, l’arrivée du Jowo Śākyamuni a marqué l’arrivée du bouddhisme » au Tibet[3]. Le Jokhang, en raison de la présence du Jowo en son sein, est donc le lieu par excellence où chaque Tibétain, qu’il soit laïque ou religieux, souhaite une fois dans sa vie se rendre en pèlerinage, et il est aussi vénéré que le Palais du Potala[4].
Le regretté André Alexander a consacré une grande partie de sa courte vie à œuvrer pour la sauvegarde du patrimoine architectural tibétain, dans des conditions très difficiles que l’on peut imaginer en raison des nombreux obstacles mis par le gouvernement chinois à son œuvre de protection de la vieille ville de Lhasa et de ses temples. Il a rédigé un article sur le Jokhang, qu’il concluait ainsi : « Les Tibétains ont longtemps associé le Jokhang à la source de leur civilisation culturelle et religieuse. Mais son importance va bien au-delà, puisqu’il concerne aussi les histoires culturelles de l’Inde, de la Chine et plus loin encore. Témoignage physique miraculeusement préservé de l’histoire du bouddhisme, le Jokhang de Lhasa a une importance qu’on ne saurait sous-estimer »[5]. Le Jokhang et sa statue, le Jowo, sont donc précieux à double titre : pour les étrangers, les architectes, les spécialistes du bouddhisme, comme témoignage rarissime d’une architecture bouddhique très ancienne. Mais il est surtout, pour les Tibétains, le symbole par excellence de leur civilisation bouddhique[6]. Une source tibétaine décrit ainsi la stupeur et l’abattement qui se sont emparés des Tibétains quand ils ont appris la nouvelle, le 17 février 2018 : « Le soir du 2e jour de la nouvelle année, pendant que tous les Tibétains à tête noire célébraient joyeusement le nouvel an, un malheur soudain les a terrassés : leurs yeux remplis d’effroi, vissés sur leurs téléphones, leurs pensées tournées en direction de Lhasa, terre des dieux, ils ont passé une longue nuit interminable, silencieusement, dans la crainte, et en proie à l’inquiétude, se demandant s’ils n’allaient pas apprendre la nouvelle si affreuse [de la destruction] qu’elle leur ferait éclater le cœur »[7].
En un mot, c’est un des monuments où la charge sacrée est une des plus concentrées de toute l’humanité.
Mais comme souvent, quand une nouvelle grave frappe le Tibet, à la tragédie s’ajoute l’omerta imposée par la République populaire de Chine[8]. On sait que les journalistes occidentaux ne sont pas autorisés à se rendre sans « accréditation officielle » en Région autonome du Tibet (RAT), dont Lhasa est la capitale. Que les nouvelles ne filtrent pas à l’international, ou très peu[9], est à déplorer mais est une conséquence logique du modus operandi du gouvernement chinois. L’anthropologue Carole McGranahan (Université de Boulder, Colorado) avançait non sans provocation en 2013 que le Tibet était moins bien loti encore que la Corée du nord, en matière de couverture journalistique étrangère[10]. L’affaire de l’incendie du Jokhang semble hélas lui donner raison, puisque nul reporter étranger n’a pu se rendre à Lhasa pour enquêter depuis. Plus inquiétant et déplorable encore, est le silence de l’UNESCO : alors que le Jokhang est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité depuis 2000, et qu’une trentaine de chercheurs en études tibétaines et en histoire de l’art lui ont adressé une lettre le 4 mars pour faire part de leur inquiétude, la directrice de la « Division du patrimoine et du Centre UNESCO du Patrimoine mondial », le Docteur Mechtild Rössler, s’est contentée de répondre le lendemain : « the APA [Asia Pacific Area] team is following this matter closely with the ICOMOS [International Council for Monuments and Sites, Conseil International des Monuments et des Sites] experts concerned ». En date du 9 mars 2018, le site de l’UNESCO ne proposait toujours aucune information sur l’incendie, comme s’il n’avait pas eu lieu, et ne fournissait aucune raison pour son silence. Quant au gouvernement tibétain en exil, à Dharamsala, il n’a pas brillé non plus : il a d’abord relayé les informations erronées et lénifiantes émises par l’agence de presse chinoise Xinhua, avant de rester silencieux. Ce n’est que le 5 mars, soit quinze jours après l’incendie, que le premier ministre en exil, Lobsang Sangay, en a enfin appelé à l’UNESCO, afin de demander que soit diligentée une mission pour faire la lumière sur l’incendie du Jokhang. Phuntsok Tsering, un intellectuel tibétain vivant en Allemagne et qui anime le TibetHaus de Francfort, est l’auteur d’un des meilleurs articles consacrés à l’incendie du Jokhang à avoir paru dans la presse en exil[11]. Selon lui, la lenteur de la réaction du gouvernement tibétain en exil et le silence de la communauté tibétaine exilée tiennent au fait que le Jokhang et le Jowo sont certes des noms évocateurs pour les Tibétains en Inde et au Népal, mais en raison du fait que les Tibétains nés en exil n’ont jamais pu mettre le pied au Tibet, cette chapelle et sa statue ont acquis pour eux un sens presque virtuel, et relèvent plus de l’abstraction que de la réalité, d’où une absence de réaction rapide du côté de la diaspora tibétaine[12]. Son article présente cette indifférence comme une catastrophe aussi grande pour la communauté tibétaine que l’incendie lui-même, car elle signale une fracture importante mais qui était restée insoupçonnée à ce jour.
Si les journaux occidentaux, l’UNESCO et le gouvernement tibétain en exil, ne peuvent être considérés comme des sources d’information fiables, tant par leur impossibilité d’accéder au terrain que par désintérêt ou ignorance, on pourrait espérer que les Tibétains exilés qui ont connu le Tibet et prennent la pleine mesure de la catastrophe, soient des relais d’information. Malheureusement, il n’en est rien, et ceci, à leur corps défendant : ils ne peuvent pas en parler par téléphone à leur famille sans la mettre en danger. Un ami originaire de Lhasa, vivant à Paris et dont un proche est moine au Jokhang, a répondu comme suit le 18 février au soir à ma question de savoir s’il possédait quelques informations de première main : « Je n’ose pas demander des nouvelles ». Depuis, cet ami a communiqué avec sa famille par WeChat, mais il a seulement pu apprendre que les moines du Jokhang étaient confinés dans le monastère le dimanche, jour normalement consacré au repos qui permet aux moines d’aller rendre visite à leur famille. Il en déduit qu’on ne souhaite pas que les moines du Jokhang sortent, les empêchant ainsi de révéler à leur famille l’ampleur des dégâts.
Quid des Tibétains du Tibet ? C’est là l’élément le plus scandaleux, car ils sont également laissés dans l’ignorance la plus complète de ce qui est arrivé à leur temple le plus sacré, ainsi que le montrent les réseaux sociaux. En effet, aussitôt la nouvelle de l’incendie révélée, samedi 17 février en fin d’après-midi au Tibet (le feu se serait déclaré à 18h40 heure locale), les réseaux sociaux tibétains donc chinois (principalement WeChat, équivalent chinois de WhatsApp – et donc sous surveillance) ont vibré pendant quelques petites heures des angoisses de Tibétains accablés et choqués par les quelques vidéos d’une poignée de secondes qui circulaient d’un utilisateur à l’autre : on y voyait les flammes ravager le toit du Jokhang, ou bien une fumée blanche sortir d’un endroit du complexe monastique qui semblait correspondre au Jokhang. En arrière-plan, on entendait des cris et des pleurs, tant la vision d’un Jokhang en feu relève du cauchemar pour les Tibétains[13].
Dans la vidéo ci-dessus, une personne demande : « Il n’y a donc pas de pompiers ? »
Mais, au bout de quelques heures, un ami tibétain, fonctionnaire du gouvernement en RAT, a fait circuler à tous ses contacts la triple icône suivante :
Cet ami n’était ni enrhumé ni en visite dans un lieu fortement pollué, mais il signifiait ainsi qu’il fallait désormais cesser tout commentaire sur les réseaux sociaux au sujet de la nouvelle qui hantait tous les esprits. En effet, le gouvernement de la RAT avait donné l’ordre d’arrêter tout échange d’information au sujet de l’incendie. Dès lors, les Tibétains n’ont pu qu’échanger des messages anodins sur le sujet.
Ainsi, sur ma messagerie WeChat, voici les messages que j’ai découverts, émanant de Tibétains du Tibet :
Ici le seul commentaire accompagnant la photographie des toits du Jokhang en flamme consiste en trois icônes d’un visage inondé de larmes :
Un autre ami, enfin, a suggéré de prier : sur son compte WeChat, il a en effet posté le 18 février, sous le titre « Quand des dégâts causés par le feu, l’eau, ou autre, se produisent, il faut répéter ceci de nombreuses fois », une prière en hommage à Karma Pakshi (1204-1283) qui se termine par « Il a vaincu le pouvoir du feu, de l’eau, du poison, des armes et des démons, j’adresse des prières de requête aux pieds de Karma Pakshi » :
Parmi mes correspondants, seul un a osé faire circuler, au mépris des injonctions de silence, une petite vidéo, avec la simple légende : « Où sont les pompiers ? » (ci-dessous).
Les Tibétains en Occident pouvaient se permettre des commentaires plus acerbes (ci-dessous) : « Il y a beaucoup de brigades pour tuer les gens à Lhasa, mais il ne semble pas y avoir tant de brigades que ça pour tuer le feu » : l’auteur de ce message joue sur la quasi-homophonie de « gens » ou « personnes » (mi མི།) et de feu (me མེ།) et sur le fait qu’« éteindre un feu », en tibétain, se dit « tuer le feu » (me gsod མེ་གསོད།).
Depuis le 17 février, je n’ai trouvé sur les réseaux sociaux au Tibet qu’un unique article ouvertement critique sur le traitement de l’incendie par les agences de presse de l’Etat chinois : écrit par un auteur dont le nom de plume est Mila Tsitsi, commentateur relativement connu des réseaux sociaux, l’article fait un point extrêmement précis et circonstancié des informations que la presse chinoise (« Les nouvelles du soir de Lhasa », l’agence de presse Xinhua, entre autres) a publiées. En mettant en évidence sept étapes dans la diffusion des informations, Mila Tsitsi ne manque pas de souligner les contradictions et les silences qui émaillent ces dépêches[14]. Ce long article a disparu très rapidement du site « Chömé » où il avait été posté.
Dans un pays autoritaire et policier comme l’est la République populaire de Chine, et plus encore dans une région sous surveillance constante comme l’est la RAT, les Tibétains n’ont donc eu d’autre choix que de se plier à cet impératif de silence. Ils se sont toutefois rabattus comme souvent sur la circulation d’informations culturelles et historiques sur l’histoire du Jokhang : ainsi, un court essai du célèbre érudit Dungkar Lobsang Thinley (དུང་དཀར་བློ་བཟང་འཕྲིན་ལས། 1927-1997) sur l’histoire de cet ensemble a été republié[15]. Un autre article, intitulé « Qu’est-ce que le Jowo ? », écrit par un certain Kyesar Thrinley (སྐེུས་སར་འཕྲིན་ལས།), mentionne expressément l’incendie, sans toutefois s’étendre. Il se concentre en revanche sur les raisons de l’importance du Jowo, le plus sacré de tous les éléments religieux tibétains du Tibet, dans une belle évocation poétique et littéraire dont je ne propose ici qu’un extrait : « Quand nous autres, Tibétains à tête noire, sommes terrassés par les douleurs et les difficultés en ce monde, nous retournons vers ce foyer, nos poches remplies de larmes. Dans ce foyer, nous trouvons le courage d’affronter la compétition dans ce monde. Dans ce foyer, nous retrouvons des vues extraordinaires, ainsi par exemple la valeur du corps humain, les perspectives sur la vie et la mort, le phénomène de l’existence. Dans ce foyer, nous trouvons l’essence de ce visage souriant, au milieu de la tempête qui s’empare du haut plateau »[16]. Il termine, avec un optimisme peut-être un peu forcé, sur les bénéfices à tirer de cette catastrophe : les Tibétains, quand ils ont appris la nouvelle, ont tous été unis dans la même ferveur, la même tristesse, la même prière et peuvent peut-être retrouver ensemble une nouvelle force. Enfin, un autre essai a beaucoup circulé à partir du 18 février, date de sa rédaction, portant sur la coiffe du Jowo – mais il a disparu depuis des écrans[17].
Mais cet intérêt pour la coiffe du Jowo peut en agacer certains. Ainsi, un Tibétain en France a posté la réflexion suivante : « Ce sur quoi il vous faut débattre, ce n’est pas mon chapeau, ce sont les droits de la nationalité» (ci-dessous).
Surtout, c’est encore le blogueur Mila Tsitsi qui a attaqué en ligne cet article sur la coiffe du Jowo, ainsi que son auteur, Géshé Jampel Loshe (Dge bshes ’Jam dpal blo shes). Je ne vais pas entrer dans les détails mais simplement livrer la conclusion de Mila Tsitsi : un tiers de l’article sur la coiffe du Jowo est un exercice d’auto-promotion par le Géshé ; un tiers consiste en des remarques méprisantes à l’adresse des personnes qui se sont inquiétées au sujet de la coiffe ; et un dernier tiers consiste en vues erronées.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui 10 mars 2018, vingt-et-un jours après la catastrophe, rien ou presque n’a filtré : la chapelle a été certes rouverte aux pèlerins au bout de quelques jours, et des photos officielles ont circulé, mais toutes sont scrutées par des experts qui relèvent des nouveautés ou des incongruités dans les images. La République populaire de Chine pense avoir gagné la bataille de la communication concernant l’incendie du Jowo. Une chose est certaine : aux yeux des Tibétains, elle a encore perdu la bataille de la confiance. Les bénéfices superficiels engrangés par une économie du développement et une croissance à deux chiffres ne pèsent pas très lourds face à un tel mépris de la sensibilité culturelle tibétaine. Il n’est sûrement pas fortuit que les Tibétains fassent circuler depuis quelques jours sur les réseaux sociaux la citation suivante de George Orwell, dont les Tibétains peuvent depuis peu lire La ferme des animaux et 1984 en traduction tibétaine :
On peut retrouver ce billet sur le carnet de recherche de l’équipe ASIEs de l’INALCO : https://asies.hypotheses.org/1648
[1] Cameron Warner, « A Prolegomenon to the Palladium of Tibet, the Jowo (Jo bo) Śākyamuni”, in E. Lo Bue (ed.), Art in Tibet: Issues in Traditional Tibetan Art from the Seventh to the Twentieth Century. Leiden : Brill, pp. 3-17, p. 9. Du même auteur, on signalera “A Miscarriage of History: Wencheng Gongzhu and Sino-Tibetan Historiography”, InnerAsia 2011, 13 : pp. 239-264 et “Re/crowning the Jowo Śākyamuni: Texts, Photographs, and Memories”, History of Religions 2011, 51(1) : 1-30.
[2] C. Warner, « A Prolegomenon », p. 3.
[3] Ibid. 9.
[4] Un ouvrage entier a été consacré au Jokhang : Jokhang: Tibet’s Most Sacred Buddhist Temple, sous la direction de Gyurme Dorje, Londres et Bangkok, Hansjörg Mayer, 2010. Pour plus de détails sur le Tsuglakhang, le Jokhang et la vieille ville de Lhasa, on se référera à l’admirable travail du Tibet Heritage Fund, fondé par André Alexander : www.tibetheritagefund.org. L’ouvrage Lhasa Atlas. Traditional Tibetan Architecture and Townscape, de Knud Larsen et Amund Sinding-Larsen, publié par Serindia à Londres en 2001, est également une référence, au sujet duquel on pourra lire un compte rendu sous la plume d’Anne Chayet sur http://www.persee.fr/doc/arasi_0004-3958_2003_num_58_1_1512_t1_0181_0000_2.
[5] http://www.tibetheritagefund.org/media/download/Articolo_8_Alexander.pdf (ma traduction).
[6] Un blogueur, Kyesa Thrinle (Skyes sar ’Phrin las) insiste, d’un point de vue tibétain, sur le fait que la valeur patrimoniale du Jokhang, du Tsuglakhang et du Jowo ne résident pas dans leur rareté ou leur ancienneté, mais dans leur valeur symbolique et religieuse (http://www.tsanpo.com/forum/26118.html). Gedun Chöphel (Dge ’dun chos ’phel 1903-1951), grand penseur et réformiste tibétain, n’avait-il pas proposé, pour unir tous les Tibétains, de déplacer le Jowo à la confluence des trois grandes provinces traditionnelles du Tibet : Tibet central, Kham et Amdo ?
[7] http://www.tsanpo.com/forum/26118.html (consulté le 9 mars 2018).
[8] Qui a entendu parler de la cent cinquante deuxième immolation par le feu, en six ans, au Tibet : celle d’un homme de Ngapa, nommé Tseklo et père de famille, le 7 mars 2018 ?
[9] Quelques organes de presse internationaux ont relayé l’information, parmi lesquels RFI (http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20180217-tibet-le-temple-jokhang-touche-incendie), la BBC (http://www.bbc.com/news/world-asia-china-43101743), Le Monde (http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2018/03/05/hmmmmauvais-presage-au-tibet/), ou encore La Libre Belgique (http://www.lalibre.be/actu/international/le-temple-le-plus-venere-des-bouddhistes-tibetains-touche-par-un-incendie-5a892ba2cd70b558ed6aee13).
[10] https://www.washingtonpost.com/news/worldviews/wp/2013/12/17/north-korea-is-more-accessible-to-foreign-journalists-than-tibet-is/?utm_term=.1b40ac3431c5 (consulté le 9 mars 2018)
[11] http://tibettimes.net/2018/03/06/167461/ (consulté le 9 mars 2018)
[12] En effet, alors que le site en anglais Phayul a relayé lui aussi des informations erronées, sans les démentir ensuite, le journal Tibet Times, dirigé par des récents exilés du Tibet, a été beaucoup plus prudent et n’a mis à disposition de son lectorat que des nouvelles amplement vérifiées et recoupées par son solide réseau de contacts au sein du Tibet même.
[13] Une vidéo peut être visionnée sur https://www.nytimes.com/2018/02/17/world/asia/tibet-temple-fire.html
[14] J’ai consulté le Quotidien du peuple en tibétain, en ligne, aussitôt après l’incendie puis le lendemain : rien ne figurait. Robbie Barnett, de l’Université de Columbia, a suivi de près cet événement et a lui aussi fait sur son fil Twitter un point de l’évolution des nouvelles officielles. Il a montré, tout comme Mila Tsitsi, l’ineptie et les contradictions des informations distillées au compte-goutte par les autorités chinoises. Ainsi, l’État chinois a annoncé rapidement qu’aucune « relique » n’avait été abîmée, ce qui est bien sûr difficile à croire étant donné l’ampleur de l’incendie et l’endroit où il semble s’être déclaré, que les dommages aient pu être causés par le feu, par l’eau ou par les produits chimiques utilisés pour venir à bout du feu par les pompiers dépêchés sur place.
[15] http://www.tibetcm.com/contemporary/knowledge/2018-02-19/8578.html (consulté le 9 mars 2018)
[16] http://www.tsanpo.com/forum/26118.html (consulté le 9 mars 2018)
[17] Il est toutefois disponible sur des sites en exil : http://tehorsonam.blogspot.fr/2018/02/blog-post_19.html