La revue Extrême-Orient, Extrême-Occident lance un appel à contribution pour un prochain numéro ayant pour thème « Les pauvres dans les cultures est-asiatiques », coordonné par Stéphane Feuillas et Christian Lamouroux
À l’heure où la Chine affirme triomphalement avoir vaincu l’extrême pauvreté (le 25 février 2021), peut-être est-il temps de s’interroger à nouveaux frais sur les définitions, les représentations et le statut des pauvres dans les pays d’Asie orientale. Face à une telle question et à l’ampleur de ce programme, nous partirons d’une définition minimale due à Georg Simmel (1858-1918) : « Est pauvre celui dont les moyens ne suffisent pas aux fins qu’il poursuit » (Le Pauvre, Éditions Allia, 2009). Si cette définition est, dans la pensée de Simmel et dans son approche sociologique de l’argent, opératoire dans la sphère économique et sociale, elle peut aussi, et c’est le choix que nous ferons ici, quitte à lui être infidèle, être déclinée dans d’autres champs, et en particulier peut servir à décrire a contrario son envers, la pauvreté volontaire à la recherche de la richesse spirituelle.
L’objectif de ce numéro thématique d’Extrême-Orient, Extrême-Occident serait ainsi d’étudier sans restriction de corpus les caractérisations de la pauvreté dans les cultures est-asiatiques à partir des représentations du « pauvre ». Seront mobilisées des analyses littéraires, historiques, picturales, cinématographiques aussi bien qu’économiques ou sociologiques pour tenter de cerner des évolutions, des changements de regard et de perception du pauvre et des engagements pour sa défense, en se gardant de les saisir à partir de la seule visée institutionnelle de réduction de la pauvreté.
Les littératures au sens large et les arts est-asiatiques, passés comme présents, regorgent en effet d’évocations très précises du pauvre, l’inscrivant dans des lieux (urbains ou ruraux), des statuts et des métiers, des formes de vie (érémitisme, monachisme) ou des stratégies de prise en charge. Ils mettent aussi en scène différentes approches selon que l’on considère la pauvreté comme un état, un stigmate, un passage dans une vie d’homme ou comme une part inaliénable, voire inévitable de la condition humaine, liée à une certaine idée du destin.
On sera particulièrement attentif tout d’abord au vocabulaire (désignations synonymes et connotations) qui désigne dans les langues asiatiques, la pauvreté et le pauvre, aux textes, œuvres et documents qui qualifient et interrogent les couples riche/pauvre ou puissant/pauvre. On s’efforcera par exemple de comprendre comment sont perçus les glissements de la pauvreté à la misère, les formes de solidarité visant à éviter ces glissements. On analysera tout autant la qualification négative de ces glissements dans de nouveaux contextes du fait, par exemple, du passage de la campagne à la ville, et donc de nouvelles formes de sédentarité ou de vagabondage des pauvres.
Les propositions d’articles, en anglais ou en français, seront adressées aux deux rédacteurs en chef de la revue : matthias.hayek@ephe.psl.eu et pierre-emmanuel.roux@u-paris.fr, ainsi qu’aux coordinateurs du numéro : Stéphane Feuillas stephane.feuillas@gmail.com et Christian Lamouroux christianlamouroux@gmail.com.
Les personnes qui envisagent de proposer une contribution sont invitées à se manifester en donnant un titre provisoire et un résumé, avant le 15 juillet 2022.
Les manuscrits complets sont attendus au plus tard le 30 octobre 2022 et doivent suivre les consignes indiquées ici : https://journals.openedition.org/extremeorient/738.