La SEECHAC (Société Européenne pour l’Etude des Civilisations de l’Himalaya et de l’Asie Centrale) annonce la tenue de la conférence suivante :
Un développement récent dans le discours sur l’histoire tibétaine du Zhangzhung par
Per Kvaerne, Professeur émérite à l’Université d’Oslo
La conférence se tiendra le 26 mars 2019, à 18h00, dans l’auditorium du premier étage, au Musée Cernuschi (7, Avenue Velasquez, 75008 Paris)
Résumé :
La religion bön, ou Yungdrung bön, “bön éternel”, s’est constituée au11ème siècle au Tibet central en opposition au bouddhisme. Yungdrung Bön est fondé sur un discours historico-mythique selon lequel Tönpa Shenrap, le roi du pays mythique Wölmo Lungring, aurait propagé la religion bön dans un grand nombre de pays, incluant le royaume de Zhangzhung dans ce qui est de nos jours le Tibet occidental. Selon les sources, bön, cette religion se serait diffusée à partir de Zhangzhung au Tibet, où elle serait restée la religion des Tibétains et surtout des rois jusqu’à la fin du 8ème siècle. Le Zhangzhung aurait donc, selon les Bönpos, joué un rôle important d’intermédiaire dans l’histoire du bön et du Tibet.
On assiste maintenant à une transformation de ce discours, Zhangzhung étant en train de s’approprier la place qu’avait occupée autrefois Wölmo Lungring. Les Bönpos, dans la diaspora tibétaine ainsi qu’au Tibet, prétendent maintenant que Zhangzhung était “le pays de Tönpa Shenrap”, et donc la source de la culture tibétaine, y compris de l’écriture tibétaine. En même temps, les fouilles archéologiques menées dans l’ouest du Tibet par les Bönpos – et par les archéologues eux-mêmes – semblent fournir des preuves irréfutables de l’existence d’une “civilisation” Zhangzhung. Cependant, le problème demeure: il n’existe aucun lien fiable entre les sources écrites – fort peu nombreuses – de la période du royaume tibétain et le Zhangzhung tel que ce pays est décrit dans les textes du bön.
Récemment, le gouvernement chinois a mis sur pied un projet ambitieux pour traduire en chinois les textes sacrés du bön, 178 volumes au total. Le but est de ‘retrouver’ Zhangzhung comme la source de la culture tibétaine et ainsi contribuer à enrichir la culture nationale de la Chine. Ceci est un projet entièrement laïque – le bön en tant que religion ne semble pas entrer en ligne de compte.
C’est ainsi qu’un ancien discours historique tibétain est en train de se diversifier sous nos yeux à des fins fort diverses.
Pour plus de renseignements, voir l’annonce : https://seechac.org/activites/un-developpement-recent-dans-le-discours-sur-lhistoire-tibetaine-du-zhangzhung/